Historique de la Zakat
Les savants sont généralement unanimes pour établir comme point de départ de l’instauration de la Zakat l’an II de l’Hégire correspondant à l’établissement de la société musulmane après l’émigration du Prophète Mohammed (pbsl) à Médine, étant toutefois précisé que cette aumône avait déjà été instituée à la Mecque sans que son taux ne soit fixé, ni un montant obligatoire imposé.
Dans la Sourate An-Naml, révélée à la Mecque, Allah dit :
« Tâ, Sîn. Ce sont là les versets du Coran, ceux d’un Livre à la clarté limpide, qui constitue une bonne direction et une heureuse nouvelle pour les croyants qui observent la salât, s’acquittent de la zakât et ont foi en la vie future. » Coran 27/1.
Son taux, ses conditions et ses dispositions furent progressivement instaurés par les prescriptions révélées à Médine.
El-Jama’a a rapporté d’après Ibn ‘Abbas que lorsque le Prophète (pbsl) a envoyé Mu’adh Ibn Jabal au Yémen, il lui a dit :
« Tu vas chez des gens du Livre. Avant tout, tu les inviteras à attester qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que je suis le Messager d’Allah ; s’ils acceptent informe-les qu’Allah le Très Haut leur a institué cinq prières par jour ; s’ils t’obéissent, fais-leur savoir qu’ils ont à s’acquitter d’une aumône prélevée sur les biens de leurs riches pour être distribuée à leurs pauvres ; s’ils t’obéissent, garde-toi de prendre le meilleur de leurs biens. Méfie-toi de l’imprécation de l’opprimé, car entre elle et Allah il n’y a pas d’écran ».
Définition de la Zakat
Le mot « Zakat » signifie en arabe purification. Il y a aussi d’autres explications comme croissance, bénédiction et développement.
La Zakat, 3e pilier de l’Islam, est citée 28 fois dans le Coran conjointement à la prière, 2ème pilier de l’Islam, démontrant ainsi sa grande importance.
La Zakat est une obligation divine enjoignant au musulman possédant une richesse atteignant un certain niveau (appelé nissab) de reverser une partie de ses biens (généralement 2,5 %) à des bénéficiaires que Dieu (swt) a défini précisément dans le Coran. C’est un droit dû au pauvre sur les biens du riche.
Le fait de s’acquitter de la Zakat est une adoration qui fait accroître la foi. C’est un moyen de purifier ses biens d’éventuels gains illicites et le donateur de l’égoïsme, de l’avarice, et de l’amour excessif de l’argent.
Allah dit : « Dis : Mon seigneur dispense avec largesse ou restreint Ses dons à qui Il veut parmi Ses serviteurs. Et toute dépense que vous faites (dans le bien), Il la remplace, et c’est Lui le Meilleur des donateurs. » Coran 34/39.
Qui est redevable de la Zakat ?
Vous êtes tenu de vous acquitter de la Zakat si vous êtes :
– Musulman, homme ou femme,
– En possession d’une richesse qui atteint le nissab (la cause ou sabab),
– En possession de ces biens durant une année lunaire – le hawl (la condition ou le shart).
L’avis très majoritaire est que l’enfant et l’incapable de discernement sont également tenus de s’acquitter de la Zakat si leurs richesses atteignent le nissab. Ce sont leurs tuteurs ou parents qui doivent la payer pour eux.
« Faites fructifier les biens des orphelins, afin qu’ils ne soient pas consommés par la Zakat » (rapporté par Mâlik, Shâfi’î, Bayhaqî, Ibn Hajar le déclare sahîh).
Le Nissab
Le nissab est la richesse minimale au-delà de laquelle l’acquittement de la Zakat est obligatoire. Le nissab équivaut à 85 g d’or (soit 5 445€ le 1er mars 2024), ou à 595 g d’argent.
L’historique du nissab
A l’époque du prophète (pbsl), il y existait deux pièces de monnaie différentes pour acheter et vendre. Une pièce d’Or appelée Dinar et une pièce d’Argent appelée Dirham. Une pièce d’Or (Dinar) valait 10 pièces d’Argent (Dirhams).
Le prophète (pbsl) a lui-même fixé la valeur du nissab. Par exemple, si l’on possédait 20 dinars en pièces d’or ou 200 dirhams en pièces d’argent, en plus de ses besoins élémentaires, on était alors redevable de la Zakat.
Les savants contemporains et notamment sheikh Al Qardawi ont pesé 20 Dinars pour estimer la valeur du nissab aujourd’hui. 20 Dinars équivalent à 85 g d’Or et 200 Dirhams équivalent à 595 g d’Argent. Mais la valeur de l’Argent a depuis baissé et aujourd’hui, 595 g d’Argent valent seulement environ 320 € alors que 85 g d’Or valent environ 5 445 €. Alors aujourd’hui, quel nissab doit on prendre en considération ?
Il y a une divergence sur ce sujet, mais la majorité des savants sont d’avis qu’il faut prendre en considération le nissab de l’Or car il est plus stable.
Biens soumis à la Zakat
La Zakat se calcule sur l’argent que vous possédez, mais aussi sur plusieurs catégories de biens :
– Avoirs, biens et fortune (espèces, métaux précieux, carnets d’épargne, dépôts en banque),
– Titres bancaires (actions, obligations, bons du trésor, fonds de placement),
– Récoltes et bétail,
– Salaires et honoraires,
– Primes, gratifications et bonifications,
– Héritages.
Par contre, votre maison privée ou votre voiture ne sont pas soumises à la Zakat.
Quand payer la Zakat ?
Le jour où votre richesse atteint ou dépasse le nissab marque le début de l’année lunaire à la fin de laquelle vous devez vous acquitter de votre première Zakat. La Zakat doit ensuite être payée chaque année à cette date anniversaire.
Si vous n’êtes pas en mesure de vous souvenir précisément de cette date, vous devrez essayer de l’estimer.
En ce qui concerne l’aspect temporel de détermination du nissab, les Chafiïtes et les Hanbalites estiment que la condition d’exigibilité de la Zakat réside dans l’existence continuelle du nissab pendant toute une année lunaire (le hawl) de son début à sa fin. Ainsi, si le propriétaire de quarante brebis arrive à en perdre une durant le hawl et qu’il en acquiert une nouvelle par la suite, le hawl est considéré comme étant rompu.
Par contre, les Hanafites prennent en considération les deux extrémités du hawl. Par conséquent, selon eux, si le nissab est atteint au début et à la fin du de l’année lunaire en cours, la Zakat est exigible même si le bien diminue durant l’année sans toutefois s’éteindre totalement.
Les mérites de s’acquitter de la Zakat
Le respect de ce pilier comporte plusieurs mérites importants pour préserver notre personne et notre communauté.
Sur le plan spirituel : elle permet de se rapprocher de Dieu par obéissance et d’obtenir une purification de sa richesse et de son âme. Dieu rappelle à chacun de nous qu’à Lui seul appartiennent toutes les richesses qu’il met à notre disposition et que nous n’en sommes que les dépositaires ; c’est une offrande de Dieu, qui peut à tout moment l’augmenter, la diminuer ou même la faire disparaître.
C’est un moyen de lutter contre l’épargne et l’amour excessif des biens de ce monde, par leur partage avec ceux qui en ont le besoin mais surtout le droit. Le système social préconisé par l’islam fait de la miséricorde la base de toute relation sociale.
Sur le plan socio-économique : elle garantit le développement économique durable en luttant contre la pauvreté et le chômage de manière efficace et permanente.
Sur le plan social : elle permet de répartir les bienfaits d’Allah sur la communauté en veillant à créer de la solidarité entre les riches et les pauvres. Elle contribue de ce fait à la justice sociale.
Cet impôt social purificateur est d’une importance capitale car il permet la redistribution des richesses dans la société et permet d’assurer une vie digne et décente à tout le monde, de garantir la stabilité sociale par une répartition plus équitable des richesses entre les citoyens.
Qui peut recevoir la Zakat ?
ALLAH a déterminé dans le Coran huit catégories pour la distribution de la Zakat.
• Les pauvres,
• Les nécessiteux,
• Ceux qui travaillent pour gérer la zakat,
• Ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’islam),
• L’affranchissement des esclaves,
• Ceux qui sont lourdement endettés,
• Dans le sentier d’Allah,
• Le voyageur en détresse.
« Les Sadaquâts ne sont destinées que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’Islam), l’affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et pour le voyageur (en détresse). C’est un décret d’Allah! Et Allah est Omniscient et Sage. » Coran 9/60
Voici une explication de ces huit catégories.
Qui ne peut percevoir la Zakat ?
Les personnes ne pouvant bénéficier de la Zakat sont :
• Les riches,
• Une personne qui est en bonne santé et qui travaille,
• Une personne qui est en bonne santé et qui refuse de travailler pour subvenir à ses besoins,
• Les non musulmans (sauf ceux dont les cœurs sont à gagner),
• Certains proches parents.
(Les savants sont d’accord sur le fait qu’il est illicite de donner la Zakat à son père, son grand-père, sa mère, sa grand-mère, ses enfants et ses petits-enfants. Il est également illicite pour un époux de donner la Zakat à son épouse.)
• Les membres de la famille du prophète (Banu Hachim et Banu Abdou al Mouttalib).
La Zakat al Fitr
La Zakat al fitr ou « l’aumône de la rupture du jeûne » est aussi une obligation pour chaque musulman et doit être versée chaque année à la fin du mois de Ramadan.
La Zakat al fitr purifie le jeûneur des paroles futiles et indécentes et elle est, comme la Zakat al maal, un bienfait pour les pauvres. Cela leur permet de passer la fête de l’Aïd al fitr dans de meilleures conditions, car le Prophète (pbsl) a dit : « Epargnez-leur la mendicité le jour de l’Aïd ».
Selon Ibn ‘Omar (qu’Allah l’agrée) :
« Le Messager d’ALLAH(pbsl) a rendu obligatoire l’aumône de la rupture du jeûne en versant un saa’ de dattes ou un saa’ d’orge à chaque esclave ou personne libre, mâle ou femelle, petit et grand parmi les musulmans. Puis il a ordonné qu’elle soit remise avant que les gens ne se rendent à la prière (de l’Aïd) » [Rapporté par Al Boukhari, Mouslim, At-Tirmidhi, Abou Daoud, Nassaï et Ibn Madja].
Chaque musulman doit la payer pour lui-même et tous ceux qui sont à sa charge, tels que sa femme, ses enfants, ses parents etc. Comme décrit dans le hadith ci-contre, on peut l’offrir sous la forme d’un « saa’ » (mesure d’environ 2,7 kg) de blé, de dattes, ou d’autres aliments. Aujourd’hui, les savants ont conclu que l’on peut la donner en argent.